Comment la ville d’Esch évolue-t-elle actuellement ?
La mission du LISER (Luxembourg Institute of Socio-Economic Research) est d’observer, d’analyser et d’anticiper les mutations sociétales. Ses chercheurs étudient et analysent les fonctionnements, les dysfonctionnements et les dynamiques de la société afin de soutenir l’élaboration de politiques publiques plus efficaces, durables et inclusives. L’institut emploie 160 salariés, dont 92 chercheurs dans trois départements de recherche : marché du travail, conditions de vie et développement urbain & mobilité.
L’institut abrite également trois programmes de recherche interdisciplinaires – « traverser les frontières », « la santé et les systèmes de santé » et « la transformation numérique » – ainsi que trois plateformes de recherche : le centre de données et un laboratoire de l’économie comportementale et expérimentale. Actuellement, le LISER développe également une vision pour 2030, dans le but de renforcer sa capacité à apporter des réponses aux crises actuelles et futures.
Antoine Decoville, chercheur principal spécialisé dans la géographie urbaine et l’aménagement du territoire, est eschois et a rejoint le LISER en 2007, après avoir fait un doctorat à l’Université de Strasbourg en 2006. Sa recherche se focalise sur l’intégration transfrontalière et l’aménagement du territoire dans les régions métropolitaines transfrontalières (Metrolux, Metronet, Metroborder).
Nous avons rencontré Antoine pour parler du potentiel économique et du développement d’Esch-sur-Alzette en tant que pôle urbain du Luxembourg, surtout en connexion avec le site d’Esch-Belval.
Que représente l’emplacement à Esch-Belval pour le LISER ?
Le LISER s’est installé en avril 2011 sur le site de Belval. Il était alors un des pionniers. Nous avons pu observer la transformation du site en ce cluster dynamique de recherche et développement qu’il est maintenant, regroupant le LIST (Luxembourg Institute of Science and Technology) et l’Université du Luxembourg, ainsi que tout un écosystème d’entreprises privées. C’est bien sûr une grande chance de pouvoir travailler sur ce site.
Comment le marché d’emploi eschois se développe-t-il ?
Esch-sur-Alzette est la deuxième ville du pays, non seulement par le nombre d’habitants mais aussi par le nombre d’emplois (près de 30.000 emplois), notamment grâce à l’évolution du site de Belval. Le potentiel de développement économique de la ville est plus diversifié et donc plus solide qu’il y a 10 ans car il fait appel à un spectre d’activités plus large. Rien que le secteur des activités spécialisées, par exemple, est unique au Luxembourg avec un potentiel économique vraiment à part.
Quels sont les secteurs et entreprises les plus importants à Esch ?
Le plus grand employeur à Esch est l’Université du Luxembourg, avec plus de 2.000 emplois, suivi du centre hospitalier Emile Mayrisch puis d’ArcelorMittal. Sur les dix plus gros employeurs de la ville, quatre sont installés sur le site de Belval. Le développement du site de Belval pourrait donc résulter en un remplacement progressif des populations habitant le centre d’Esch par des personnes employées à Belval avec de plus forts pouvoirs d’achats.
Quel est donc l’impact de l’évolution du site de Belval sur la ville d’Esch ?
Le développement du site de Belval a entraîné quelques changements. Par exemple, le nombre d’étudiants à Esch-sur-Alzette a augmenté ainsi que les prix immobiliers. Ces derniers ont cependant augmenté au même degré qu’au reste du pays. Leur évolution est donc indépendante du développement du site de Belval. La composition sociale de la ville d’Esch est aussi restée plus ou moins inchangée, avec seulement une légère diversification. Il n’y a donc pas vraiment eu un phénomène de gentrification. Ainsi, on peut espérer que cette évolution positive continuera au futur sans trop changer « l’âme » de la ville d’Esch.
En tant qu’habitant, comment éprouvez-vous la ville d’Esch-sur-Alzette ?
J’apprécie vivre à Esch. La densité et la compacité permettent que tout soit accessible à pied et à vélo. J’apprécie également sa diversité, son côté convivial et son offre culturelle. J’ai habité à Luxembourg-Ville, mais je me retrouve mieux dans ce patchwork de populations très variées qu’est Esch-sur-Alzette. Enfin et surtout, Esch offre une proximité à une nature riche, généreuse et diversifiée dont j’aurais du mal à me passer.
